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  Le Grand Curtius à Liège

En 1615, en route vers Cologne, le Tournaisien Philippe de Hurges témoignait admiratif : «La maison de Curtius, quoique ce ne soit que l’édifice d’un homme privé et particulier, mérite d’être comptée au nombre des plus belles d’Europe.»

Cette riche demeure patricienne fut construite sous le règne du prince-évêque Ernest de Bavière, pour Jean de Corte (Liège, 1551 – Espagne, 1628), dit Curtius, capitaine d’industrie et munitionnaire des armées du roi d’Espagne aux Pays-Bas. L’imposant bâtiment situé en bord de Meuse était destiné à l’accueil des clients et aux tractations commerciales; la résidence de la famille occupait le flanc nord du site. Trois portails monumentaux, situés quai de Maestricht, rue du Mont-de-Piété et en Feronstrée, permettaient d’accéder à la propriété.

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Construit entre 1597 et 1605, le «palais Curtius» est l’exemple le plus abouti du style mosan. Bien assise sur un très haut soubassement en grand appareil — d’aspect encore très défensif ou plutôt protecteur — la maison, aux quatre angles chaînés, aligne sous corniche quatre niveaux de hauteur dégressive, en brique et pierre de Meuse. Des baies à six jours au rez-de-chaussée et au premier étage, à croisées au deuxième étage, de simples ouvertures carrées enfin au troisième, éclairent les façades. Les seuils, traverses et linteaux se prolongent en cordons rythmés par les clés d’ancrage à doubles volutes et soulignent la rigoureuse subdivision en bandes horizontales. Des mascarons en tuffeau animent les trois niveaux d’allèges. Scènes de fables grecques, de fabliaux médiévaux, de sujets religieux, têtes sculptées, animaux et armoiries de Jean Curtius ornent les cartouches sur les quatre façades. Une très raide bâtière à coyau, piquée de quatre rangs de lucarnes à croupe et sommée d’épis, pose sur une remarquable corniche à pendentifs, dits «à cymbales». La disposition étagée en triangle des lucarnes, tant sur les façades que sur le pignon, renforce encore la hauteur impressionnante de la toiture couverte d’ardoises, véritable signal dans le paysage urbain.



La façade-pignon, à l’ouest, retient l’attention par sa tour de quatre étages encastrée dans la toiture. La base de la tour, accostée de deux volutes, prend naissance au niveau de la corniche. Culminant à 35 mètres, elle fait penser à celles situées à proximité des anciens ports fluviaux, comme on en trouve à Tournai ou à Gand. Elle fut reconstruite à l’identique lors des restaurations de 1904, menées par l’architecte Joseph Lousberg.



Philippe de Hurges décrit une tour carrée à l’angle de Feronstrée et de la rue du Mont-de-Piété; cet élément structurel a été réinterprété lors de la restauration, en 2001-2002, de la résidence du «premier capitaliste liégeois».



Le caractère horizontal des façades de la «résidence Curtius» est renforcé par les bandeaux de pierre qui prolongent les seuils, linteaux et traverses des baies à croisées. On y retrouve les ancres à hampe involutée. Jadis, des décors d’allège en tuffeau laissaient apparaître des scènes historiées comparables à celles du «palais». Des examens dendrochronologiques situent l’achèvement de ce bâtiment entre 1606 et 1611.



À la mort de Jean Curtius, la propriété est scindée en deux. La partie sud devient le siège du Mont-de-Piété. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, la cour intérieure du Mont-de-Piété est agrémentée de deux constructions : la plus importante, coiffée à la Mansart, abrite actuellement la boutique du Grand Curtius; l’autre, aujourd’hui disparue, était un charmant pavillon, daté de 1762, dont la baie centrale sommée d’un fronton triangulaire et entourée de deux oculus mettait en évidence une fontaine.



Le second pôle majeur du Grand Curtius est l’«hôtel de Hayme de Bomal», attribué à l’architecte Barthélemy Digneffe (1724-1784); il constitue un remarquable témoin du raffinement de l’architecture néoclassique de la seconde moitié du XVIIIe siècle.



Les autres composantes patrimoniales du site sont l’«hôtel Brahy», implanté en Feronstrée dans le dernier tiers du XVIIe siècle, et la «maison Dewilde», située en bord de Meuse; ils étaient jadis éléments d’un seul et même hôtel particulier, celui de la famille de Haxhe.


– Texte et photographies : Monique Merland

Description architecturale d’après Ann Chevalier, Guillaume Mora-Dieu et Geneviève Laurent, «Liège, l’hôtel dit “maison Curtius”, quai de Maestricht n° 13 : monument classé par Arrêté du Régent du 14-1-1950» dans Jacques Deveseleer (coord.), Le patrimoine exceptionnel de Wallonie, Namur, DGATLP, Division du Patrimoine, 2004, p. 349-353.


INSTITUT ARCHÉOLOGIQUE LIÉGEOIS
INFO@IALG.BE
QUAI DE MAESTRICHT 13
4000 LIÈGE (BELGIQUE)